Improbable rapprochement

Elle avait peur. Chaque semaine depuis qu’elle était arrivée à métal hurlant c’était le même rituel. Elle se rendait à l’infirmerie en compagnie de Juj, on lui enlevait son bandeau. Toujours la même réponse à la question "Vous voyez quelque chose?"… toujours le noir. L’infirmier lui soignait les yeux, lui remettait son bandeau et c’était fini.
Ce jour là ne dérogeait pas à la règle : elle ne voyait toujours pas.

* * * * * * *

Ils sortirent de l infirmerie. Ofé était découragée. Pour la première fois depuis sa rencontre avec Juj, elle baissait les bras. C’en était trop. Pour la première fois elle perdait espoir. Elle ne voulait plus vivre dans le noir permanent. Elle ne voulait plus vivre ainsi.

Il la raccompagna jusqu'à chez elle comme à chaque fois, mais aujourd'hui elle ne parlait pas. Mais son visage était tendu et fatigué. Il l'aida à entrer dans sa chambre. Il aurait bien voulu essayer de lui remonter le moral, mais il n’était pas toujours très doué pour ça et ce qui sortit de sa bouche était d'une banalité affligeante.

"Ca va ?"

Non, ça n’allait pas ! Non, ça n’allait pas du tout. Qu’est ce qu’il croyait lui? Qu’on pouvait aller bien alors qu’on était aveugle ? Qu’elle était heureuse alors que son état stagnait?!

" MERDE! Non! Ca va pas!"

Se disant elle fit un pas de côté et buta contre une chaise. Cet incident l’exaspéra d’autant plus et elle l’envoya valser d’un coup de pied rageur.

Sa réaction l'avait désarçonné. Il ne s'y attendait pas. Il s'approcha d'elle posant une main sur son bras.

"Calme toi, faut du temps."

Elle sentit la main sur son bras et la chassa d un mouvement sec.

"Fous moi la paix Juj!! Va t’en!"

Elle voulait être seule. Elle avait besoin de passer ses nerfs. Elle voulait se défouler, frapper les murs, frapper jusqu’à sentir de la douleur dans ses poings. Elle voulait avoir mal autre part. pour oublier un instant la douleur d’être aveugle. Alors elle frappa les murs de ses poings nus, très fort.

Sa réaction l'avait blessé… tant de colère dans sa voix…Mais il ne pouvait pas la laisser comme ça. Il ne pouvait pas car la voir ainsi le faisait souffrir lui aussi. Il ne pouvait pas car… Elle frappait sur les murs ! Il se précipita en avant, saisissant fermement ses poignets dans ses mains.

"Arrête ça !"

Il avait crié.

"Lâche moi ! Sors !! Laisse moi tranquille !!!"
Elle se débattait. Elle ne voulait pas qu’il la voie comme ça. Elle ne voulait pas qu’il lui parle, elle voulait être seule. Seule avec sa douleur. Elle le frappait en essayant de se libérer.

La voir ainsi était plus douloureux que les coups qu'elle pouvait lui porter. Il relâcha sa prise pour l'attirer contre sa poitrine, moins pour éviter ses coups que pour la sentir près de lui. Sa voix était redevenue calme, empreinte de tristesse.

"J't'en prie Ofé, arrête. Ca sert à rien. Tu t'fais plus d'mal qu'autre chose à t'énerver comme ça. Et à moi aussi."

Tout son énervement retomba. Elle sentit comme un grand vide en elle. Comme si elle n avait même plus la force d’être triste. Comme si tout était perdu. Juste un gros vide dans le cœur. Elle se laissa aller.

Il sentit sa tension retomber. Il passa les mains dans son dos en chuchotant à son oreille.

"Là, c'est fini."

Imperceptiblement, il la serrait plus fort contre lui. Il laissa aller son visage dans ses cheveux, s'imprégnant de leur douceur. Ca n'était pas la première fois qu'il tenait une femme dans ses bras. Il était d'ailleurs pas manchot dans ce domaine là, mais cette fois il y avait quelque chose en plus. Quelque chose en plus qu'un simple désir physique...

Elle avait cessé de se débattre. Il la serrait contre lui et elle n avait pas la force de lui résister. Il ne la tenait plus uniquement pour la calmer. Elle le sentait. Il y avait autre chose. Sa colère retomba d un coup. Elle ne pensait plus à ses yeux. Elle pensait uniquement à cet homme qui était contre elle.

Elle se détendait complètement maintenant. Il s’écarta d’elle, éloignant son visage du sien. Mais l'avoir serré ainsi dans ces bras avait brisé les derniers remparts d'une passion qui le dévorait depuis plusieurs jours. Il posa ses lèvres sur les siennes.

Elle sentit qu’il desserrait son étreinte. Elle sentait son souffle sur son visage. Il la regardait. Elle frissonna lorsqu’il l’embrassa. C’est alors qu elle se rendit compte qu’elle attendait ce moment depuis des lunes déjà.

Ce baiser aviva chez lui un désir refoulé depuis trop longtemps. Il la poussa vers la table, mit les mains sous ses fesses et la souleva pour l’y asseoir. Ses mains passèrent ensuite sous son tee-shirt, parcourant sa peau pour en découvrir les moindres recoins. Ofé ôta le débardeur de Juj et caressa son torse, y posant de temps à autre un baiser.
Il l’embrassait avec fougue, passant de sa bouche à ses seins. Il donnait entre ses cuisses des coups de reins désordonnés, gêné en cela par son pantalon. Ofé, la tête renversée en arrière, ne pensait qu’à une chose : le moment où, nus cette fois, il la pénètrerait de la même façon.
C’est alors que Juj s’arrêta brusquement. Il se mordit la lèvre inférieure avec force.

* Merde, merde, pas maintenant ! ! ! *

Mais si… maintenant. Il s’était trop emporté, ne s’était pas maîtrisé, et c’était parti tout seul.
Sentant qu’il s’était passé quelque chose, Ofé se rassit droite. Juj était rouge pivoine, autant de chaleur que de confusion. Il la regardait d’un air dépité et désolé. Mais elle ne le pouvait le voir. Il ne disait rien, ne l’étreignait plus et lentement elle commença à comprendre.

* Merde, merde, pas maintenant ! ! ! * pensa t’elle.

Elle n’osa pas lui demander si elle avait deviné juste et ajouter à sa gêne. Elle passa doucement la main sur le pantalon de Juj. Ses craintes étaient justifiées. Elle sentit en le palpant une humidité inopportune. Elle faillit éclater de rire en saisissant l’ampleur du désastre. Elle essaya cependant de se maîtriser, autant pour éviter de rire que pour ne rien laisser paraître de sa frustration.

« J’suis désolé Ofé. J’ai merdé. Ca m’arrive jamais d’habitude... »

Elle le coupa pour éviter qu’il ne se confonde en excuses inutiles.

« C’est pas grave. On fera ça une autre fois. Allez, on va fumer une clope, ça va nous détendre. Quoique toi, c’est déjà fait » dit-elle avec un sourire.

Elle posa un baiser sur ses lèvres et attendit qu’il aille prendre les cigarettes. Juj en alluma une et la lui mit entre les lèvres, avant de faire la même chose pour lui.
Ofé s’inquiétait du silence de son compagnon. Elle ne pouvait le voir et rien ne lui indiquait comment il réagissait à sa bourde.

« Ca va ? » lui demanda-t-elle du ton le plus enjoué qu’elle put prendre.

« Mouais » articula-t-il péniblement.

« T’en fais pas. Ca n’en sera que mieux la prochaine fois. On est pas pressé. Et puis c’est bon signe, je te fais de l’effet au moins. »

Elle dit cela dans un sourire, mais elle enrageait intérieurement. Elle n’était pas satisfaite et avait la ferme intention que cette « prochaine fois » arrive plus tôt qu’il eut pu croire.
Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier qu’il lui tendit. Elle prit sa main lorsqu’il l’eut reposé, la passa sur sa joue et la baisa, puis elle l’attira à elle, doucement, et l’embrassa. Ses mains coururent le long de son dos, puis sur son torse, espérant qu’il ne serait pas assez braqué par sa première rapidité pour rester insensible. Elle jubila intérieurement lorsqu’elle sentit entre ses cuisses, outre le pantalon mouillé, le sexe de Juj qui se raidissait à nouveau.
Elle se leva, tâtonna quelques instants puis trouva une chaise.

« Déshabille toi et assieds toi »

Juj, penaud et décontenancé s’exécuta sans protester. Il préférait diriger les opérations avec les femmes, pas l'inverse, mais il n’était plus en position d’imposer quoique ce soit. Une fois qu’il fut nu sur la chaise elle s’assit sur lui. Elle n’avait gardé que son pantalon. Elle l’embrassa tout en caressant ses fesses et l’intérieur de ses cuisses. Il voulut baiser sa poitrine mais elle s’y opposa.

« Cette fois laisse moi faire. »

Elle l’embrassa, sur la bouche tout d’abord, puis sur son torse, s’attardant sur ses tétons, puis sur son ventre, ses cuisses. Il s’était satisfait, lui. Trop tôt, certes, mais elle espérait bien avoir son tour. Alors, pour la première fois, elle prit son sexe entre ses mains. Elle sourit. La déconvenue passée n’avait en rien altéré les ardeurs de son partenaire. C’était parfait. Elle commença un mouvement de va et viens, lent tout d’abord, puis plus rapide lorsque les gémissements de Juj se firent plus rapprochés. Soucieuse de ne pas réitérer le même « exploit », elle s’arrêta tout net au bout de quelques secondes à ce rythme.

« Euh, c’est bon tu sais, je vais pas repartir, pas tout de suite !»
« Deux précautions valent mieux qu’une… » lui glissa-t-elle à l’oreille avant de l’embrasser.

Elle s’assit alors après avoir enlevé son pantalon, l’entraînant avec elle. Il se tenait maintenant à genoux. Elle se pencha sur lui, baisant son ventre et descendant à mesure vers son pubis. Puis elle posa un baiser sur son sexe et se mit à le lécher doucement, de haut en bas, s’attardant parfois autour de son gland. Lorsqu’elle sentit que l’attente n’avait que trop duré, elle mit délicatement son sexe dans sa bouche et passa ses mains autour des reins de Juj, lui indiquant par de petites pressions que c’était à lui cette fois de choisir son rythme.
Au bout de quelques minutes, ses gémissements s’amplifièrent à tel point qu’il la repoussa doucement.

« Je, euh… C’était très bien. » marmonna t’il.

Elle sourit et lui prit les mains. * Cette fois, c’est mon tour * pensa-t-elle. Elle en posa une sur son sein droit et mit l’autre sur son propre sexe.

C’était le moment de pas faire de conneries. Il en allait de son honneur de mâle et il fallait qu’il assure à mort s’il voulait pas être la risée de MH le lendemain. Surtout c’était maintenant enfin à lui de prendre la main.

Il ôta la main du sexe d’Ofé… trop rapide. Il avait bien l’intention de faire monter le désir de sa partenaire très lentement et d’en jouer. Il posa les deux mains sur ses genoux, les faisant glisser doucement le long de ses cuisses, frôlant son intimité pour mieux l’esquiver provoquant un soupir de frustration chez Ofé. Il passa sur son ventre, puis dans son dos pour masser le creux de ses reins, avant que ses mains ne redescendent le long de ses fesses jusqu’à ses genoux pour reprendre le même manège. Dans le même temps il déposait des baisers sur son visage, évitant sciemment sa bouche qu’elle cherchait à happer, baisant le creux de son cou, mordillant les lobes de ses oreilles. Elle se mordit la lèvre, impatiente qu’il aille plus loin, son désir exacerbé par ces caresses trop sages. Sentant qu’elle n’allait plus tenir bien longtemps sans réagir, il laissa une de ses mains aller plus loin et caresser son sexe en la pénétrant d’un de ses doigts. Il la sentit se raidir et sourit intérieurement de satisfaction. Il sentit lui-même un violent désir l’envahir, mais le refoula.

* Pas le moment de tirer de nouveau le premier… *

Il se leva, l’aidant à faire de même, puis la repoussa de nouveau vers la table. Il plaqua alors sa bouche contre la sienne, une de ses mains continuant à stimuler son intimité. Puis il descendit lentement s’attardant sur ses seins qu’il massa fiévreusement en embrassant ses tétons avec avidité, et continua son exploration jusqu'à se retrouver à genoux devant elle. Il l’aida alors à s’asseoir sur la table, faisant passer ses jambes par-dessus ses épaules avant d’enfouir son visage entre ses cuisses humides. Il écarta les lèvres de son sexe lentement, et titilla son clitoris de la pointe de sa langue. Puis il lécha consciencieusement son intimité, de bas en haut, jusqu’à ce qu’elle halète sous cette caresse. N’y tenant plus lui-même il se redressa, déposant un baiser passionné sur ses lèvres, plaquant son corps contre le sien. En cet instant, il voulait cette femme plus que tout au monde et il la pénétra enfin. Il resta un instant immobile et entama un mouvement de va et vient pour se retrouver entièrement en elle avant de reprendre son souffle. Il haletait et son cœur battait à tout rompre, excité par cette étreinte passionnée.
C’est elle qui brisa leur immobilité, ondulant lentement, jusqu’à ce qu’il réponde enfin, son corps à l’unisson du sien. Sentant qu’il ne pourrait pas tenir longtemps il l’immobilisa contre lui, chuchotant dans un souffle.

« Pas trop vite. Faut remonter la moyenne… Accroche toi bien.»

Puis il passa ses mains sous ses fesses, la souleva et la mena vers le lit. Il se fraya un chemin à travers la pièce, prenant garde à ne pas trébucher et briser stupidement tous ses efforts. Il ne se détendit que lorsqu’elle fut étendue enfin sur le lit sous lui. Il posa un instant le regard sur son corps luisant de sueur et entra de nouveau en elle. Il fit en sorte de ne pas l’écraser sous son poids pour qu’elle puisse l’accompagner dans son mouvement et s’évertua à la satisfaire au mieux, changeant de rythme, caressant et baisant ses seins durcis par le désir. Surtout il restait concentré pour éviter un deuxième désagrément fâcheux et quand enfin il sentit qu’elle atteignait l’orgasme, c’est avec soulagement qu’il en fit de même.
Il roula sur le côté, épuisé, un sourire béat sur les lèvres, reprenant son souffle.

« T’es vraiment formidable… » Dit-il dans un soupir.

Il fumait une clope, sentant la chaleur du corps d’Ofé contre lui, une douce chaleur qui lui rappelait ce qu’ils venaient de vivre. Il avait carrément prit son pied. C’était pourtant pas la première fois, et sa dernière expérience avait été très… chaude, à tous les niveaux. Mais là, y’avait eu un truc en plus. Ofé avait beau être super bien foutue, il avait beau avoir attendu ce moment depuis pas mal de jours maintenant, il n’empêche qu’il s’était senti envahi par des sensations déroutantes... et inquiétantes… Des sensations qui en cet instant lui donnaient envie de laisser son visage aller dans ses cheveux et de lui susurrer des mots doux à l’oreille. Tout à fait le genre de truc qui lui foutait de l’urticaire en temps normal. Il écrasa sa clope sur la table de nuit. Il sentait qu’il était en train de chopper quelque chose qui risquait de le rendre totalement dépendant de cette femme. Un peu comme quand t’abusais des joints et que tu pouvais plus t’en passer… Il soupira en l’attirant contre elle. N’empêche que ça faisait vraiment du bien…