Sylvanus avait dormi seul à la belle lune, dans son campement aux abords d’Ostia. Il avait eu froid et se disait qu’elle devait grelotter. Malgré les propos rassurants d’Alexandre et de Fuot, une boule d’angoisse n’avait pas quitté sa gorge de toute la nuit et l’avait maintenu éveillé.
L’aurore était là et avec elle, les rayons dardants du soleil naissant…
Lorsqu’il vit s’approcher la silhouette traînante de Nausicaä, il se précipita à ses côtés. Pour la soutenir, pour la prendre dans ses bras et surtout l’hydrater.
Là… Doucement… Bois lentement… Tu es en sécurité, tu es rentrée. Il aurait voulu ajouter un " je suis là… " mais il ne savait plus vraiment quel sens pourrait avoir ces mots.
La jeune femme était toute légère et Sylvanus la conduisit sous leur tente, à l’abri de la fraîcheur et de l’ombre. Il aida Nausicaä à se libérer de son lourd poncho, il dénoua l’écharpe qui masquait ses lèvres craquelées et dégraffa avec douceur le masque qui lui dissimulait le visage. Il lui soutenait la nuque, prenait sa température, les lèvres délicatement posées sur son front brûlant.
D’un geste machinal et sans quitter la jeune femme du regard, il se mit à mâcher une poignée de feuilles d’aloès. Lorsqu’il obtint une pâte bien homogène, il s’employa à appliquer la substance sur les parties lésées du corps de la jeune femme. La sensation était fraîche au toucher, hydratante pour la peau et calmante pour la douleur.
Une fois que l’herboriste eu accomplit son sacerdoce, le regard de Sylvanus redevint celui de l’homme aimant et tendre qui caressait des yeux celle qu’il aimait de tout son cœur.