Le Campement
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 La quête des éléments

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sylvanus
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sylvanus


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MessageSujet: La quête des éléments   La quête des éléments EmptyLun 26 Sep à 1:07

Sans un mot, Sylvanus avait longuement regardé Nausicaä amarrer la pirogue dans le garage couvert d’Ostia. De retour sur la terre ferme, la jeune fille lui semblait plus belle et plus délicate que jamais, pourtant, il n’osait plus vraiment s’approcher d’elle de peur de se sentir à nouveau rejeté.
Les derniers jours d’intimité avaient été pour lui un malstrom de sensations, d’émotions et de pensées contradictoires desquelles il avait envie de prendre un peu de recul ; histoire d’analyser ses sentiments, son discours et ses actes.
Après juste un regard vers celle qu’il aimait tendrement, il prit les outils qu’il n’avait plus maniés depuis près de deux ans maintenant et se dirigea vers ce lieu si familier : la mine…
Cet endroit terrifiait bon nombre d’individus, mais le jeune homme s’y sentait comme chez lui. Il avait toujours aimé la solitude qu’il trouvait au fond et aujourd’hui plus que jamais, il s’y sentait bien. Le temps n’existait plus dans les sous-sols obscurs ; les seuls rythmes qui battaient la mesure de ses journées étaient ceux de son propre corps. C’était un endroit idéal pour faire le point sur sa vie, pour tenter de se sentir à nouveau lui-même.
Lui-même… C’était étrange… À l’heure où il avait été le pire égoïste qui puisse être, il voulait faire le point sur lui-même ! Encore un signe de ses pensées résolument égocentriques ?
Il se mit à l’ouvrage. La pioche frappait les blocs de schiste et dégageait de gros morceaux de minerais de fer… Ce n’était pas son aventure passée avec Ofé qui avait fait fuir Nausicaä… À mains nues, il séparait les morceaux grossiers du métal plus pur… C’était autre chose, ils étaient allés trop vite, aussi vite que sa passion brûlante et dévorante l’avait réclamé. Elle avait juste eu peur… Il remplissait de précieux métal et de déchets de roche deux wagonnets qu’il poussait régulièrement vers la surface lorsqu’ils étaient pleins… Elle avait eu peur, peur de se perdre, peur de perdre son indépendance et elle avait raison… Il transpirait, un vrai bonheur ! Comme s’il évacuait de son être toutes sortes de mauvaises toxines… En dehors de l’illusion d’autonomie qu’il lui octroyait lorsqu’il souhaitait lui enseigner quelque chose, il ne faisait rien d’autre que lui voler sa flamme, son énergie… Il avait pris le temps d’étayer avec de lourdes poutres de bois le boyau qu’il était en train d’exploiter… Sa passion flamboyante était en train d'asphyxier celle qu’il aimait et allait s'asphyxier elle-même s’il continuait. Il devait accepter de prendre du recul sinon, ils en souffriraient tous les deux ; plus encore qu’aujourd’hui.
Un incendie… Il s’était enflammé et l’embrasement était tel que son amour aurait bientôt tout consumé. Un feu est beau lorsque l’on peut venir s’y réchauffer dans la détresse, lorsqu’il est fait pour durer, que l’on peut compter sur lui lors des moments plus froids.
Il écoutait les murmures et les secrets que lui disait la terre et il était rassuré. Après plusieurs jours de travail harassant et machinal, alors que ses coups martelaient les parois comme des percussions, tout son corps s’était mis à réagir en synchronisme. Il tremblait et ne pensait plus à rien, plongé dans une sorte de transe symbiotique avec la Terre. Instinctivement, il retrouvait dans ce sentiment de fluidité les rythmes les plus primitifs. Tout son corps dansait, oubliant la douleur, oubliant le doute et le désespoir. Le feu était dompté ! Il couvait, docile, dans le foyer de son cœur.
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sylvanus
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MessageSujet: Re: La quête des éléments   La quête des éléments EmptyLun 3 Oct à 12:15

Le rationnement de nourriture ne pouvait vraisemblablement pas justifier le sourire qu’arborait Sylvanus en quittant le campement qu’était encore Ostia. Il sortait péniblement du garage fermé en traînant derrière lui un lourd paquetage composé de la bâche qu’il avait utilisé pour les protéger tous les deux dans la pirogue, de longues tiges de bambou, de cordes et de matériaux divers. Malgré le poids de ce qu’il transportait, il se dirigeait résolument au delà des cabanes et des tentes.
C’est à peu près à cet endroit là qu’il croisa son ami Athanadoc qui avait, lui aussi, choisi de se rationner afin d’aider la communauté ; ils s’étaient un peu disputé la nuit précédente mais le coup de sang était déjà oublié.
- Qu’est-ce que tu attends pour me filer un coup de main à porter ce bardât, j’ai un truc pour nous aider à passer le temps, lança le jeune écologiste d’un air entendu.
Athanadoc, prit aisément le lourd paquetage sur ses larges épaules et suivit son ami. Lorsqu’ils furent près de la falaise, Sylvanus lui confia ses intentions en déballant son matériel.
- Je veux faire un cerf volant, ça te tente de m’aider ? dit-il. Puis sans attendre de réponse, il se mit à l’ouvrage alors que le médecin s’asseyait dans le sable pour mieux profiter de sa pipe dont il tirait de larges bouffées.
Avec la passion d’un inventeur qui vient de trouver une idée miracle, Sylvanus commença à composer l’ossature du cerf volant en agençant de longues tiges de bambou entre elles. L’engin ferait plus de dix mètres d’envergure, une fois fini. Une sacrée taille pour un simple cerf volant !
Remarquant l’air interloqué de son compagnon, le jeune homme lâcha quelques explications. - C’est un vieux rêve que nous avions, Firecred et moi. On voulait essayer de voler, de se laisser glisser sur les courants aériens comme le font les goélands ; ça doit être un sentiment de liberté et de plénitude incroyable... Les heures s’ajoutaient aux heures et le jeune homme oubliait sa faim ainsi que la notion du temps. La bâche fut découpée proprement, les tiges de bambou reliées avec efficacité, les pièces assemblées entre elles avec soin. Sylvanus rêvait tout éveillé et ne remarqua pas l’air triste et désabusé de son ami qui avait senti monter en lui une nouvelle crise de zombilisme. Athanadoc s’était levé pour rejoindre la communauté d’une démarche un peu traînante.
Ce fut sur une immense aile sombre frémissante sous le vent que s’acheva le travail. Sylvanus contempla quelques temps son ouvrage avec fierté et s’approcha avec précautions des cordages qui maintenaient difficilement l’engin au sol. Il se cala solidement entre deux énormes piquets enfoncés profondément dans la terre et s’arrima à un harnais improvisé.
D’un coup sec du poignet, les sangles furent déliées et l’engin prit son envol. Lentement, d’abord au ras du sol, puis dans un soubresaut et une violente traction sur les longes, vers le ciel. Il s’en suivit alors un étrange ballet tout en force entre l’homme et le vent. L’aile sombre s’agitait par à coups, jouant avec les nuages et les bras de Sylvanus comme avec des amis ou des fétus de paille. La douleur se faisait cuisante, le jeune homme croyait que ses membres allaient lui être arrachés. Mais, comme par un heureux caprice, le vent se fit tout à coup plus régulier et le cerf volant se mit à suivre une spirale ascendante harmonieuse qui relâcha la pression le temps que le jeune homme prenne un peu plus d’assurance avec son engin volant.
Durant des heures, telle une gigantesque corneille, l’aile delta flotta au dessus d’Ostia en suivant les doubles injonctions du ciel et de l’homme au sol.
Lorsque Sylvanus s’effondra enfin sur le sable, rompu, brisé, les bras et le corps tout entier en miettes, il savait qu’il deviendrait le passager du vent lorsque le cerf volant ferait à nouveau son envol.
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sylvanus
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MessageSujet: Re: La quête des éléments   La quête des éléments EmptyLun 10 Oct à 19:25

Depuis leur arrivée à Ostia, Sylvanus passait le plus clair de son temps à la mine tandis que Nausicaä s’affairait à la chasse toute la journée. Dans un premier temps, retrouver les profondeurs de la terre l’avait régénéré. Mais, malgré les quelques soirées qu’ils avaient passé ensemble en rationnement à l’extérieur de la communauté, la fatigue et leurs activités respectives les avaient, par la force des choses, éloignés. Certes, le jeune homme en était particulièrement peiné mais comme à son habitude, il essayait de regarder la face positive des hasards de la vie. La jeune femme lui avait confié son besoin de temps pour réfléchir à ce qu’elle ressentait et il espérait qu’elle mettrait cette séparation forcée à contribution. Jamais il n’aurait cru être l’agent provocateur de cette situation...
Tout avait commencé par ces deux messages radio… Le communiqué de la destruction des Ruines de Kyr et, le même jour, l’exécution de Gouroux annoncée dans la déclaration d’amour d’Eléa. Ces deux événements s’étaient combinés dans la tête du jeune homme et avaient précipité ses envies et ses prises de décisions.
Il s’était machinalement rendu au bord de la falaise et avait longuement observé son aile delta comme pour donner une composante plus physique à son état émotionnel et à ses sentiments contradictoires. Voler peut être un rêve bien singulier pour celui qui est déjà heureux sur le plancher des vaches. Sylvanus ne voulait certainement pas renier le bonheur qu’il ressentait mais, il croyait encore à demain et il se sentait responsable de sa part d’avenir. Malgré les monstruosités de la guerre, malgré son désir de lâcher prise et d’oublier ce monde de fous avec celle qu’il aimait…
Et puis, il avait su l’émouvoir, elle si distante… Elle avait à nouveau chanté comme par le passé parce que, lui pauvre rien du tout, avait juste pris le temps de regarder dans sa direction et de lui dire qu’il l’aimait sans le moindre jugement… Il demeurait peut-être encore un maigre espoir… S’il pouvait la sauver, elle, il aurait accompli son travail. S’il parvenait à soulager sa douleur, il pourrait à nouveau dormir heureux.
Et Nausicaä dans tout ça ? C’était d’elle qu’il tirait toute cette force, c’était en elle qu’il plongeait les racines invisibles de sa propre vie. Où serait la justice s’il s’en allait ? Son amour ne se résumerait-il qu’en quelques mots jetés au vent ?
Il était à la croisée d’un choix bien difficile et si la seule logique devait s’appliquer, il serait sans doute déjà parti. Car Nausicaä l’avait dit, elle avait besoin de temps et lui pouvait lui en donner. Mais, les choses du cœur ne sont malheureusement pas aussi simples et il ne savait vraiment pas comment aborder la question dans le peu de temps qu’ils avaient ensemble en ce moment. Alors, il retournait cette situation dans sa tête alors qu’il savait déjà que sa décision était prise. Il savait que pour la jeune femme leur amour n’avait pas la même simplicité. Tout était toujours confus et la présence de Sylvanus renforçait son embarras et son indécision. Le jeune homme allait prendre un risque énorme… Il allait laisser germer sans ingérence cette petite graine d’amour qu’il avait plantée avec trop de hâte. Il voulait croire de toute son âme qu’elle deviendrait une fleur merveilleuse et qu’elle trouverait librement la confiance en ses propres sentiments, qu’il reviendrait bientôt pour serrer dans ses bras une femme épanouie, prête enfin, à partager le plus pur et le plus beau, que seuls, deux êtres qui s’aiment peuvent se donner.
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MessageSujet: Re: La quête des éléments   La quête des éléments EmptyMer 2 Nov à 1:17

Ils avaient tiré tant qu’ils le pouvaient sur leurs cordes sensibles et avaient atteint ce que l’on nommait vulgairement un point de rupture.
Comme pour marquer le résultat impulsif de son vaste débat intérieur, le jeune homme avait saisi fermement, des deux mains, le trapèze de bambou qui maintenait l’équilibre de la grande aile sombre. Et, sans plus la moindre hésitation, il s’était élancé dans le vide. Son envol était aussi symbolique que celui d’une chimère dont les ailes fabuleuses auraient balayé la plaine d’un vent venu de nulle part… Quelque chose d’irréel auquel on se refuse à croire malgré ce que nous démontrent nos perceptions.
Sylvanus contemplait l’horizon qui défilait devant ses yeux comme un ruban sombre, une ligne infranchissable, un désir. Je me sens à nouveau seul au monde… Se disait-il, alors qu’il avait cru connaître, quelques moments durant, la certitude de l’exact contraire. Dans les airs, il ne pouvait s’empêcher de lutter contre ce souffle qui l’emportait toujours plus vite et plus haut mais aussi contre cette attraction fatale qui l’entraînait vers le sol comme une poigne d’une force irrésistible. Sous la pression de ces tensions contraires conjuguées, ses sens s’étaient mis à vaciller...
Le jeune homme était comme hypnotisé par ce ciel tournoyant qu’il n’avait jamais vu d’aussi près. Sa langue se tordait jusqu’à presque faire des nœuds. Et il se disait qu’il n’était qu’un pauvre rien du tout cloué à cette bonne vieille terre.
De la glace commençait à se former à l’encoignure de ses yeux comme si là haut, il pouvait enfin se laisser aller à pleurer des larmes qui refusaient de couler et de le soulager. Il avait cru avoir fait tout son possible mais tout avait échoué comme si deux entités malfaisantes s’étaient amusées avec leurs sentiments, avec leurs vies. Il se sentait vide et aussi lourd qu’une pierre sans sa navigatrice pour lui indiquer le chemin de la maison.
Même si sa condition humaine le liait au plancher, le jeune homme était déterminé à essayer de s'élever. Son âme était mise sous tension depuis plusieurs mois. Etait-ce cela apprendre à voler ?… Etait-ce sentir sa langue se tordre jusqu’à presque faire des nœuds et se sentir n’être qu’un pauvre rien du tout ?
Surplombant le Fract, porté par une aile sombre et une douce prière de retrouvailles, Sylvanus contemplait son ombre voler au milieu des nuages. Tel un ange déchu, son auréole et son âme étaient déchiquetées. Ses yeux humides laissaient derrière lui comme une traînée de vapeur, des goutellettes, des larmes qu’il serait tellement aisée de suivre dans le vide de son ciel…
Un rêve rassurant à la lueur de l'aube pourrait, d'une bourrasque, expédier son âme au travers du plafond de la nuit.
Grisé, hivre, il se disait, dans un bref éclair de lucidité, qu'il n'y avait qu'une seule sensation susceptible d'être comparée à celle-là. Le jeune homme se sentait comme en animation suspendue, dans un état de félicité totale.
Sylvanus était comme hypnotisé par ce ciel tournoyant qu’il n’avait jamais imaginé d’aussi près. Sa langue se tordait jusqu’à presque faire des nœuds. Et il se disait qu’il n’était qu’un pauvre rien du tout cloué à cette bonne vieille terre.
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